3 réponses d'Édouard LEYS
Édouard Leys Trio Ft. Lys Cogui - La Ligne Jaune
Édouard Leys - Piano & Voix, Lys Coguy - Voix, Michel Rosciglione - Contrebasse, Mourad Benhammou - Batterie
JAC : Y a-t-il des pianistes (ou d’autres musiciens) dont la découverte vous a donné envie de devenir pianiste et de vous orienter vers des musiques improvisées ?
Ma découverte du jazz s’est faite très tôt grâce à mon père qui, lorsque j’avais 9 ou 10 ans m’a fait écouter entre autres les disques du trio de Keith Jarrett (Standards vol 1, 2, 3), l’Akoustik Band de Chick Corea. Je suis entré dans le jazz grâce à ces pianistes et certainement grâce à la forme et le son du trio qui, même si je ne savais pas pourquoi à l’époque, me plaisait beaucoup. Le swing, les interactions entre les musiciens et la grande liberté qu’offre cette forme du trio m’ont happé vers ce nouvel univers musical qui m’était inconnu à ce moment-là. J’ai continué enfant mon exploration notamment grâce à Michel Petrucciani, puis par la suite aux grands pianistes qui ont marqué l’histoire de cette musique. Il est bien sûr impossible de tous les citer, mais si je ne devais citer qu’un seul nom ce serait, bien sûr, Bill Evans, qui a été mon autre grande révélation et certainement celui qui m’a donné envie de jouer et de travailler cette musique.
Je dois aussi citer Baptiste Trotignon avec qui j’ai pu prendre quelques cours à l’âge de 19 ans et qui a su m’ouvrir les portes vers ces univers vertigineux, quand on est jeune pianiste, que sont le jazz et l’improvisation.
JAC : Votre répertoire avec Lys Cogui s’étend au-delà du standard de jazz (Skyfall, les Stones…). Comment se compose le répertoire avec elle ?
J’ai une culture musicale très éclectique que je souhaite aujourd’hui assumer et revendiquer. J’ai toujours écouté et aimé toutes sortes de musique, de Bach à Beyoncé, de Charlie Parker aux Rolling Stones, de Coltrane à Prince ou de Jaques Brel à Kendrick Lamar, sans transition !
J’ai pendant longtemps ressenti un sentiment d’illégitimité ou d’éparpillement à écouter ou jouer toutes ces musiques si différentes, pendant que d’autres se spécialisaient. Mais aujourd’hui je souhaite l’assumer comme une seule identité : la mienne. Toutes ces musiques m’ont nourri et font le musicien que je suis. Dès lors, c'est important pour moi de faire entendre à un public parfois très spécialiste qu’un tube comme Skyfall est un beau morceau, riche et aussi digne d’être joué et écouté que Giant Steps.
Le jazz vient des chansons. Les standards de jazz sont avant tout des chansons très à la mode à une certaine époque. Il est important à mes yeux que le jazz continue à tenir ce rôle, à se nourrir de la culture populaire de son époque.
Pour parler plus précisément de Lys, je pense qu’elle a cette même démarche. Ce n’est pas particulièrement une chanteuse de jazz, même si elle connait très bien cette musique et qu’elle se l’approprie comme personne. Mais sa voix est imprégnée de toute cette culture populaire anglo-saxonne qu’elle connait parfaitement. Elle donne tout, sans en faire trop, avec une expressivité et une sincérité toujours au service de la chanson. Ses interprétations sont toujours très pertinentes et élégantes.
Quand j’ai eu l’idée d’intégrer à mon album de compositions des chansons populaires j’ai immédiatement pensé à elle. C’était une évidence.
JAC : On peut voir sur Youtube le travail très intéressant que vous avez fait sur des fragments de discours d’hommes politiques (François Hollande, Barack Obama…). Avez-vous toujours des projets pour ce type de mise en musique ?
Au départ c’était un jeu. C’est pourquoi j’ai été très surpris de voir l’intérêt que suscitait ce petit exercice au point d’être diffusé sur France Inter et France Culture !
Un après-midi d’automne, un peu malade, je me suis mis en tête de m’essayer à cet exercice de transcription de discours. L’actualité m’a rapidement guidé vers Obama et le groove implacable de sa diction. Cela m’a sauté aux oreilles, et je m’y suis attelé avec une certaine fébrilité.
J’avais en tête les transcriptions de Hermeto Pascoal, que ce célèbre artiste brésilien déjanté mais néanmoins génial avait pu réaliser avec une interview d'Yves Montand, ou encore avec des chants d’oiseaux. Plus récemment, Christophe Chassol s’est approprié et a renouvelé le genre avec beaucoup de talent, d'inventivité et de sensibilité.
Bien sûr, une fois cette première transcription accomplie, j’ai tout de suite eu envie de recommencer avec d’autres personnalités, pour pouvoir comparer les différentes intonations. Les discours politiques offrent un terrain de jeu inépuisable, car malgré leur forme très calibrée, il y a dans la mélodie de la voix une vérité contre laquelle on ne peut pas lutter.
Je garde cependant cette activité comme un amusement et, lorsque l’envie me prend, quand j’ai un peu de temps ou que je suis inspiré par l’actualité, je m’y livre toujours avec un malin plaisir !
NB On peut voir ces mises en musique ici :
https://www.youtube.com/watch?v=OrKH19fN5YE
https://www.youtube.com/watch?v=5f0Q9yUdajI
3 answers from Edouard LEYS
Édouard Leys Trio Ft. Lys Cogui - The yellow line album
Édouard Leys - Piano & Singing, Lys Coguy - Singing, Michel Rosciglione - Double basse, Mourad Benhammou - Drums
JAC : Are there pianists (or other musicians) whose discovery made you want to become a pianist and guide you to improvised music ?
My discovery of the jazz was very early thanks to my father who, when I was 9 or 10 years old, made me listen, among other things, the Kith Jarrett trio records (Standards Vol 1, 2, 3), the Akoustik Band of Chick Corea. I entered the jazz with these pianists and certainly thanks to the form and sound of the trio who, even if I did not know why at the time, I liked a lot. The swing, the interactions between the musicians and the great freedom that this form of the trio has caught me to this new musical universe that was unknown to me at that time. I continued child my exploration including through Michel Petruciani, then after the great pianists who have marked the history of this music. It is of course impossible to quote all, but if I had to name a single name it would be, of course, Bill Evans, who was my other great revelation and certainly the one who made me want to play and from Work this music.
I must also quote Baptiste Trotignon with whom I have taken some classes at the age of 19 and who has opened the doors to these vertiginous universes, when you are young pianist, what are the jazz and improvisation.
JAC : Your directory with Lys Cogui extends beyond the Jazz Standard (Skyfall, Stones ...). How does the directory consist with it ?
I have a very eclectic musical culture that I wish today assume and claim. I have always listened to and loved all kinds of music, from Bach to Beyoncé, Charlie Parker at the Rolling Stones, Coltrane to Prince or Brel Jaques in Kendrick Lamar, without transition!
I have for a long time felt a feeling of illegitimacy or scattering to listen to or play all these different music, while others specialized. But today I want to assume it as a single identity: mine. All these music nourished me and make the musician that I am. From then on, it's important for me to make an audience sometimes very specialist a tube like Skyfall is a beautiful piece, rich and also worthy of being played and listened as Giant Steps.
Jazz comes from songs. Jazz standards are above all very fashionable songs at one time. It is important to me that jazz continues to hold this role, feed on the popular culture of its time.
To talk more specifically about Lys, I think she has the same step. This is not particularly a jazz singer, even though she knows this music very well and that it is suitable for it as a person. But his voice is impregnated with all this popular Anglo-Saxon culture that she knows perfectly. She gives everything, without doing too much, with expressiveness and sincerity always serving the song. His interpretations are always very relevant and elegant.
When I had the idea of integrating to my album of popular songs compositions I immediately thought of her. It was obvious.
JAC : You can see on YouTube the very interesting work you have done on fragments of speech of politicians (François Hollande, Barack Obama ...). Do you always have projects for this type of music ?
Initially it was a game. That's why I was very surprised to see the interest of this little exercise to the point of being broadcast on France Inter and France Culture !
An autumn afternoon, a little sick, I put myself in mind to try this speech transcription exercise. The news quickly guided me to Obama and the relentless groove of his diction. It jumped to the ears, and I switched up with a certain febridy.
I had in mind the transcripts of Hermeto Pascoal, that this famous crazy Brazilian artist but nevertheless great could have made with an interview with Yves Montand, or with songs of birds. More recently, Christophe Chassol has appropriated and renewed gender with a lot of talent, inventiveness and sensitivity.
Of course, once this first transcript accomplished, I immediately wanted to start with other personalities, to be able to compare different intonations. The political speeches offer an inexhaustible playground, because despite their very calibrated form, there is in the melody of the voice a truth against which one can not fight.
I keep this activity, however, as a fun and, when the desire takes me, when I have a little time or that I am inspired by the news, I always loot with a clever pleasure !
You can see these pieces of music here :
https://www.youtube.com/watch?v=orkh19fn5ye
https://www.youtube.com/watch?v=5f0q9yudaji
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